Apprenons à soutenir de façon efficiente
Dans le contexte actuel, l’information c’est la possibilité de toucher du monde pour s’agrandir, se renforcer, impacter. Et sans tout ramener à lui, le numérique a son rôle. Et lorsque celui-ci se couple au réel, quelle puissance !
Apprenons à soutenir de façon concrète
Cette réflexion touche surtout au domaine culturel. Dans la websphère africaine notamment camerounaise, il est courant de voir les pages de kongossa (potins) et direct live surfant sur la polémique afficher des dizaines de milliers voire centaine de milliers de followers. A l’inverse, nombre d’artistes moins exposés et nombres d’initiatives rencontrent indifférence ou un soutien timoré qui se résume à des « j’aime » et autres émoticônes.
Et je me demande toujours : qui viendra concrètement mettre leurs problématiques en avant ? Le premier à valoriser sa culture, c’est soi. Et valoriser ne se résume pas uniquement à soutenir du bout des lèvres. Il s’agit aussi de « consommer » sa culture.
En vérité, ça ne va pas de soi tant nous avons été conditionné à ne plus agir dans ce sens. Dans ma langue (Ewondo), une expression traduit cette solidarité agissante : « Nsô Ngoan Ngul ai manyang« . Littéralement : « Une graine de courge n’a de force qu’avec ses pairs. »
Changer nos habitudes de consommation culturelle et informative aussi
Une démarche en apparence anodine, mais pas tellement. C’est à un véritable effort, un réapprentissage que nous sommes invités. Cela exige une certaine coupure avec notre conditionnement. Ma bien-aimée expression « Le changement c’est d’abord soi » a tellement de visages.
Comme par exemple décider, même si une petite voix pousse au contraire, de sortir 10 euros ou 1000 Francs CFA pour soutenir un travail qui enrichit sa communauté. Comme décider, face à cet évènement qui a l’air si intéressant, de prendre de son temps pour y aller en personne. Ces gestes sont des petites révolutions intérieures (oui ! oui !) Car ils montrent qu’on a dépassé un blocage. Qu’on se considère désormais comme co-createur (dans le cas d’espèce) de la vivacité culturelle de sa communauté.
Revenons au numérique et ses codes
Les likes, c’est bien. Les partages, c’est encore mieux, car ils agrandissent le champ d’exposition de ce qu’on partage. Demandons-nous : pourquoi est-il si facile de partager un post ou une vidéo de clash, qu’un post ou vidéo parlant de culture?
Oui, likes et partages c’est bien, mais on peut faire plus. C’est aussi ça qui donne la force aux acteurs du domaine, à ceux-là qui œuvrent à faire vivre la culture. C’est ce qui les motive, mais aussi leur permet de résister aux sirènes de l’illusion, à ces propositions qui souvent s’accompagnent d’une perte de leur âme pour satisfaire aux conditions imposés par leurs financeurs.
Aussi, apprenons à soutenir de façon efficiente en ayant en tête que ce n’est pas juste une personne ou groupe qu’on soutient. C’est toute sa communauté qu’on renforce.
Poétiquement et littérairement vôtre !
©Minsili Zanga
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