Point de vue : Pourquoi, moi, Noire, je ne suis pas anti-Trump
Point de vue
@minsilizanga
Avez-vous déjà discuté de Donald Trump avec un non Noir? « Mais il est raciste ! » sera la phrase qui reviendra immanquablement. Et généralement dite par des gens qui habitent loin des Etats-Unis, à se demander par quel miracle ils expérimentent ce racisme présumé.
De même, ceux qui le disent généralement, sont tout sauf… Noirs ! Et eux de vous regarder avec surprise, ne comprenant pas pourquoi vous, une Noire, affichez une certaine neutralité par rapport à Trump. En ce qui me concerne, lorsque j’analyse le phénomène Trump, au-delà du caractère bouillant du président américain, je m’arrête à ce qui a trait à mon continent d’origine d’abord : l’Afrique. Et point de longs discours, je regarde les faits.
En quatre ans de présidence, de 2016 à 2020, Donald Trump n’a donné son aval à aucune guerre américaine à l’étranger. Et à ce niveau, j’ai en tête certaines mouvances au Cameroun, qui n’ont de cesse depuis 2017 à appeler les Etats-Unis à intervenir militairement dans ce pays. Comme si, en 2020, quelqu’un peut citer un pays où la communauté internationale étant intervenue, la paix, l’or et le miel ont coulé à flots pour la population.
Passons !
Je ne suis pas anti-Trump, parce que j’ai compris depuis bien longtemps que les faits, l’observation du concret pour juger d’une personne, vaudront toujours mieux que rejoindre le champ émotionnel. Celui-ci est prisé par les manipulateurs de tous bords, car rien de telle que l’émotion pour vous éloigner d’une analyse froide de la situation, et donc de ce qui défend le mieux vos intérêts.
Prenons la proposition de la Nigériane Ngozi Okonjo-Iweala à la tête de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Lorsque les Etats-Unis de Trump y mettent leur veto, devons-nous crier au racisme ou en profiter pour faire un zoom sur cet organisme, sur la candidate en question, fortement soutenue par l’Union européenne. Et j’ai en tête une autre personnalité, la « première femme » et « africaine » à la CPI, nous avons vu le résultat. Alors oui, en tant que Noire, je me méfie assez des « premier africain-e », car les faits ne me montrent pas quels intérêts concrets j’ai en leur nomination, à part le fait qu’ils soient d’origine « africaine. »
Donc oui, je ne suis pas anti-Trump, car il serait temps de juger les politiques sur leurs actions, que sur l’affect
Certes, chacun ale droit d’avoir une inclinaison affective pour la personnalité de son choix. Mais dès lors que cette inclinaison devient le curseur pour se positionner sur des problématiques qui demandent plus d’objectivité, pour ma part, c’est non.
Et de me dire : vivement ce jour où nous Africains, seront de plus en plus nombreux à nous prononcer sur un fait ou une personne en fonction de nos intérêts géostratégiques, et non en fonction de nos émotions. Et pour ceux trop « choqués » du racisme présumé de Trump, dans ma langue (Ewondo), il existe une expression fort à propos : « Yi mod a kad tad eza ‘aïe ! » En un mot : « On ne pleure jamais à la place d’un autre« , les Noirs n’ont mandaté personne pour se plaindre du racisme qu’on estime qu’ils subissent.
Et pour qui en lisant ce billet se demanderait de quoi se mêle une Africaine sur une élection américaine, que dire à part : bien malin qui ne voit pas que depuis 3 jours, le monde entier est suspendu au vote américain. Et celui qui dirigera les Etats-Unis, impactera la politique étrangère américaine. Et jusqu’à preuve du contraire, les Etats-Unis sont encore parmi les Nations qui donnent le « là ».
Effectivement je suis d’origine africaine, mais ce vote impactera mon continent
De plus, celui-ci est toujours autant objet de toutes les convoitises. Des individus, du haut de leur pouvoir financier, dissertent sur sa démographie, estimant que c’est à eux de dire combien d’enfants ce continent devrait avoir ou non. Chaque jour, on ne se gêne pas pour dire que le futur s’y trouve. Dans des précédents billets, je me demandais où se trouvait l’Africain dans ce « futur ».
Pour résumer, toute personne qui s’intéresse un tant soit peu à la marche du monde, ne peut que suivre l’élection américaine. Et objectivité oblige, mes arguments pour dire que je ne suis pas anti-Trump, ne portent pas sur la politique intérieure américaine. Je n’y vis pas. Même si je vois ici et là des analyses parlant du bilan positif de Trump en matière d’économie, comme le chômage historiquement bas de la communauté afro-américaine, je ne me base pas sur ça pour jouer les pro ou anti-Trump.
Conclusion : Et si nous qui vivons hors des Etats-Unis, notamment en Occident, arrêtions d’user de cet argument : « Mais il est raciste ! Tu as la vu la situation des Noirs? » ©Minsilizanga.com
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