Interview Minsili ZANGA
Lorsqu’un collègue vous donne la parole, ça fait toujours plaisir. Alors, merci à l’écrivain Joseph Mbarga pour cette interview. Portant sur « Azania », je ne m’attendais pas le voir retenir un chapeau qui transcende les thématiques du recueil, et c’est pourtant le cas.
« La langue est l’un des vecteurs les plus forts de notre identité et culture », un titre n’aurait pu traduire aussi parfaitement ma démarche tant littéraire que culturelle, les deux allant de pair.
En effet, pour qui connaît ou rentre dans mon univers des mots, les allers-retours entre le Français et ma langue africaine (Ewondo, variante Fang-Beti), sont récurrents.
J’explique pourquoi dans l’interview, et je reviens aussi sur d’autres aspects de l’acte d’écrire, comme le choix des personnages ou des thématiques de mes histoires.
Bonne lecture de cette interview, et si vous ne l’avez pas encore découvert, « Azania » est disponible ici.
Mbarga Books : • Vous venez de publier un recueil de nouvelles plusieurs années après votre dernier livre. Pourquoi cette longue parenthèse en dehors de l’écriture littéraire ?
Minsili Zanga : La principale raison est que j’étais engagée dans d’autres projets très prenants mais où mon goût de l’écriture pouvait s’exprimer, même si c’était différemment. J’ai ainsi pu explorer tous les méandres de l’écriture journalistique et de la direction éditoriale à travers un magazine féminin et des sites Internet que j’avais mis sur pied. L’autre raison est que le monde de l’édition classique ne me convenait pas tout à fait. Ayant accompli le voeu de presque tout écrivain débutant (se faire éditer), disons que j’étais moins stressée et plus à même d’explorer d’autres voies.
• Parlez-nous de votre dernier recueil de nouvelles Azania, et dites-nous comment vous décidez d’explorer des thématiques précises ou de choisir les personnages qui vont conduire vos histoires.
« Azania » est un ensemble de 6 histoires, celles de femmes et des hommes (jeunes et moins jeunes) dans un moment critique de leur vie, joyeux ou non. Comment le vivent-ils et surtout, comment s’en sortent-ils ? Pour y répondre, j’ai voulu une certaine continuité dans le recueil déjà parce que toutes les histoires se déroulent en totalité ou en partie à Ongola Ewondo (Yaoundé). Ensuite parce qu’entre ces nouvelles, il existe des liens. Au lecteur de les trouver au fur et à mesure.
Pour le choix des thématiques, il tient plus de l’intuitif, de ce que mon imagination a envie de mettre en avant à un instant T. La nouvelle éponyme est très parlante à ce sujet (Azania) en rassemblant tous les ingrédients du recueil : suspense, loyauté, trahison, confiance, espoir. J’aime cette possibilité que donne l’écriture de disséquer la psyché humaine via des situations de tous les jours. Pour le choix des personnages, si au début j’ai une idée assez claire, elle peut évoluer au cours de l’écriture et des personnages secondaires naître au détour d’une phrase, m’obligeant à les étoffer voire à prendre une autre direction que l’histoire de départ.
• L’attachement à votre langue maternelle transparaît tout au long des histoires racontées. Avez-vous besoin de convoquer cette langue pour poser l’acte d’écrire ?
Pour moi, la langue est l’un des vecteurs les plus forts de notre identité et culture, et j’ai toujours été très attachée à la mienne, l’Ewondo. J’aime sa beauté, sa poésie, son humour. Elle fait partie intégrante de mon processus d’écriture. Lorsque par exemple je mets en mots mes personnages dans Ongola (Yaoundé), je les ai déjà fait vivre en Ewondo ! En fait je fais des allers-retour entre la langue Beti et le français, souvent je traduis juste la langue en français (rires). Mon plus grand désir (et défi) serait d’ailleurs d’écrire toute une fiction en Ewondo. En attendant, je le fais déjà dans mes textes poétiques, même si pour le moment je les distille à compte-gouttes (rires). LA TOTALITE DE L’INTERVIEW ICI
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