Aimé Césaire reste définitivement l’un de mes auteurs favoris. J’aime son style, son phrasé où la belle langue se marie à la perfection avec la poésie et le lyrisme. Parmi ses ouvrages, extrait de celui qui m’aura particulièrement marqué (Cahier d’un retour au pays natal).
« Au bout du petit matin,
cette ville plate, étalée …
Et dans cette ville inerte,
cette foule criarde si étonnamment passée à côté de son cri
comme cette ville à côté de son mouvement, de son sens,
sans inquiétude, à côté de son vrai cri, le seul qu’on eût voulu l’entendre crier…
Dans cette ville inerte,
cette étrange foule
qui ne s’entasse pas,
ne se mêle pas :
habile à découvrir le point
de désencastration,
de fuite,
d’esquive.
Cette foule qui ne sait pas faire foule…
Dans cette ville inerte, cette foule désolée sous le soleil,
ne participant à rien de ce qui s’exprime, s’affirme,
se libère au grand jour de cette terre sienne. »
Aimé Césaire – Cahier d’un retour au pays natal, Présence africaine, 1939
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