L’opinion africaine : Le rôle des artistes et médias sociaux dans sa structuration
Pour un observateur averti de la scène africaine, au-delà du choc, le dernier épisode de violences en Afrique du Sud est porteur d’une leçon : l’opinion africaine est en voie de structuration. En effet, c’est essentiellement via les réseaux sociaux que la charge contre les violences xénophobes a été forte, montrant une opinion africaine se positionner clairement face à une situation. Nous assistons bel et bien à une opinion africaine qui se structure, certes dans la douleur, mais ces mécanismes sont bien engagés.
Dans ce processus, le rôle des médias sociaux apparaît clairement. Via eux, les Africains, de quelque région qu’ils soient, ont la possibilité d’échanger, de s’exprimer de façon collective. Et dans ces rouages, les artistes du continent jouent un rôle grandissant à mon avis, et ce sur trois principaux leviers :
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Leur capacité à fédérer
Le nombre d’artistes africains qui aujourd’hui dépasse les millions d’abonnés sur les réseaux sociaux est en croissante augmentation. Parmi leurs followers, des Africains du continent comme de la diaspora, des afrodescendants, des non-africains. Via leur intérêt pour un artiste, ces followers ont la possibilité de rentrer ainsi dans son univers et par ricochet, de s’imprégner de son contexte/pays, même si ce n’est pas l’intention de départ. Il va sans dire qu’une Yemi Alade qui s’exprime sur une violence policière dans son pays, ce sont des Nigérians mais aussi de millions de non-Nigérians qui auront cette information. Véritables ambassadeurs, les artistes du continent influent sur la construction de l’opinion africaine via leur engagement.
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Leur engagement
Certes, tout artiste n’est pas obligé de s’engager publiquement pour une cause, mais, il va sans dire que lorsque certains le font, l’impact est là. Une Tiwa Savage qui décide d’annuler sa présence au plus grand festival artistique sud-africain, cela a un impact. Une Naomi Campbell qui écrit un message de paix sur son compte officiel pour rappeler aux Africains et assimilés qu’ils ne doivent pas oublier qu’ils sont « un », cela a un impact.
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Leur influence sur une audience qui dépasse de plus en plus les frontières de l’Afrique
Si pour le moment l’Afrique anglophone l’emporte, l’Afrique francophone n’est pas en reste. L’onde de choc lié à la mort de l’Ivoirien DJ Arafat l’a démontré. Pour ceux qui n’étaient pas particulièrement adeptes du chanteur et peut-être regardaient avec perplexité cette histoire de « Chine populaire » (nom de ses fans), la disparition brusque du chanteur a montré quel était l’importance de cette « Chine populaire. » La leçon à retenir : qu’on l’apprécie ou non, DJ Arafat, artiste Africain nouvelle génération, avait réussi à symboliser quelque chose dépassant les frontières de la Côte d’Ivoire et même de l’Afrique.
Il est peut-être trop pour dire à l’heure actuelle quel chemin prendra la structuration à laquelle nous assistons, car acteurs et observateurs en même temps. N’empêche, tout observateur averti voit qu’elle a lieu et vous voulez mon avis ? C’est une bonne chose ! ©Minsilizanga.com
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