C’était au début des années 2000, les balbutiements d’Internet pour les profanes. Mais déjà, se dessinaient toutes les promesses de cet outil : offrir le monde et s’offrir le monde sans barrières ! Difficile pour la jeune Africaine nouvellement installée en Europe que j’étais, de ne pas saisir une telle opportunité. Celle de pouvoir écrire et dire mon Afrique et la femme africaine telle que je les avais connues. Une Afrique et une femme si différentes de l’image que je découvrais alors en Occident.
Et vint CultureFemme !
Que de fois ai-je insisté pour dire : « Ça s’écrit en un seul mot, pas deux ». Culture+Femme = CultureFemme. Un nom symbolique. Au début, ce fut d’abord un site, des heures, des mois à déchiffre le HTML et le PHP. En ce temps-là, WordPress et ce qu’il nous permet d’avoir aujourd’hui n’existait pas encore (bloggeurs, dites merci à ses créateurs !)
Ah les « joies » de Dreamweaver pour faire une à une les pages du site ! C’était rock’n’roll, à s’arracher parfois les cheveux lorsqu’on n’est pas du domaine, mais c’était passionnant. Le public répond en masse. Plus de 100.000 visiteurs uniques/mois pour découvrir les sujets de société, les articles portant sur la femme noire (Africaine, Antillaise, etc.).
C’était un parti-pris assumé. Tout comme celui de valoriser le naturel, les cheveux crépus, la diversité de la peau noire; ou encore la mise en avant des peaux ébène, celles qu’on voyait le moins. A cette époque, surtout dans le monde francophone, allez donc trouver des visuels de Noirs pour illustrer vos articles ! Les banques d’images gratuites ou à petits prix étaient à leur début. Ou alors, offraient très peu de choix côté profils d’origine africaine. Depuis, que de changements et tant mieux !
Une première cover tout en symboles
Fort du succès du site, une version papier de CultureFemme est lancée une première fois en 2005, avec une cover qui se passe de tout commentaire. Car : « Le tigre ne proclame pas sa tigritude. Il bondit sur sa proie et la dévore », avait dit un célèbre écrivain africain (Wole Soyinka, NDLR).
C’est la grosse plongée entre expériences difficiles (Tout patron de magazine indépendant en France me comprendra). Mais aussi grandes joies, comme de voir à quel point le magazine est accueilli avec enthousiasme aux Antilles et dans les capitales africaines où il était distribué).
C’était ma première expérience entrepreneuriale, dans un domaine où on vous dit quelque chose tout en agissant à l’opposé. Exemple : des grandes marques qui via leurs maisons de presse vous inondent de cartons de produits pour que vous en parliez dans vos articles. Mais prendre une page de publicité chez vous ? Vous voilà estampillé trop « ethnique », trop « marché de niche » etc.
Un magazine, encore plus un magazine indépendant, vit de la publicité ou alors des abonnements, qu’importe son taux de vente. Que faire si on n’a pas suffisamment les deux et qu’il est hors de question de se rabattre sur les publicités de produits éclaircissants? Aïe, on met la clé sous le paillasson.
N’empêche, l’aventure se présente sous de meilleures hospices mais oops ! Vous n’avez pas assez tenu compte d’un point. La presse magazine, notamment écrite, est dans une situation de crise depuis des années en France.
Vous finissez par comprendre une chose : l’avenir est au numérique. Malgré les nombreux déçus, vous arrêtez l’aventure. Vous fermez la page CultureFemme, remerciant encore tous ceux qui de près ou de loin, ont participé à ce voyage.
Conclusion ? Toute expérience est une école !
Mais quelques années plus tard (plus précisément en 2012), vous voilà repris du virus de l’entrepreneuriat. Cette fois-ci, la publicité est au rendez-vous même si les grandes marques sont toujours aussi fidèles à leur : « Oui pour que vous parliez de nos produits. Non pour qu’on vous prenne des pages de publicité. »
Continuer à parler du monde, de l’Afrique, de la femme et de la culture se fera autrement. Ce sera à travers vos œuvres littéraires, d’autres projets comme Dzaleu.com que je vous invite à découvrir ici.
Toute expérience étant enseignement, il ne faut pas hésiter à regarder derrière soi. Regarder en arrière non pas pour se complaire dans le passé. Le faire pour remercier des enseignements reçus, qu’importe que certains aient été de façon parfois douloureuse. Regarder en arrière pour être fier de soi. Oui, fier de ce qu’on a accompli, de quoi embrasser sereinement ce qui reste à construire car… Yə ayəgə yi á enyiŋ yi á man ! Est-ce que l’école de la vie prend fin ! comme on dirait chez moi en pays Ewondo. ©Minsilizanga.com
Aujourd’hui, je vous invite à me retrouver sur le site Dzaleu.com.
J’en suis la Responsable éditoriale. Une autre façon de mettre la beauté, les arts et le talent en avant :
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